Il exprimait que cet auteur possédait la raillerie fine, la politesse exquise, la conformité dans les mœurs, et toutes les grâces de la diction, attribuées à Ménandre, dont les ouvrages marquèrent la troisième époque de la comédie, mais qu’il manquait de sa vivacité, de son sel piquant, de sa force comique, et de sa grandeur dans les caractères. […] Tant de scènes marquantes ne sont pas encore les plus fortes ; la vigueur d’Aristophane pousse toujours les choses au plus loin : tous les citoyens, épris du dieu des richesses, changent de mœurs dès qu’ils le possèdent ; ils oublient leurs parents, leurs amis, leurs devoirs, et même leur religion ; les dieux n’ont plus d’encens ni de sacrifices ; Plutus lui seul est adoré. […] Un athée incorrigible achève sa carrière de désordres en désordres, sans pouvoir être ni détrompé ni puni que par un coup du ciel : ce fait principal est le sujet du drame espagnol intitulé : Del Burlador de Sevilla y combibado de Piedra, imité par Molière et Thomas Corneille, dans Dom Juan, ou le Festin de Pierre : mais les séductions du personnage, les méchancetés dont il amuse l’ennui qui le possède, les sinistres plaisirs qui l’aveuglent au moment de la catastrophe, sont autant de faits épisodiques liés secondairement à l’action capitale. […] Ne reprochez à aucun personnage le manque des qualités que sa profession exclut, parce que ce serait en lut quelquefois une imperfection de les posséder, et que la morale n’admet que le ridicule des défectuosités véritables ; comme l’art du dessin ne juge incorrect dans les proportions que les vraies difformités, et non les variétés de convenance, d’âge, ou de sexe.