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306. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Malherbe »

Depuis lors, nos grands lyriques (et nous en possédons) n’ont pu, dans l’Ode proprement dite, triompher, malgré leur audace, de ce premier caractère de convention. […] Pendant toute la durée du chant, Malherbe se montre comme saisi et possédé d’une légère ivresse, jusqu’à conseiller à Henri IV la reprise des guerres et des conquêtes : Mon Roi, connais ta puissance, Elle est capable de tout, Tes desseins n’ont pas naissance Qu’on en voit déjà le bout… Il y a dans ces strophes bien de la légèreté martiale et de l’élégante hardiesse. […] Les puissantes faveurs dont Parnasse m’honore Non loin de mon berceau commencèrent leur cours ; Je les possédai jeune, et les possède encore,     A la fin de mes jours. […] Nous possédons là bien au net le sentiment inspirateur le plus élevé de Malherbe, poëte lyrique politique, poëte monarchique et royal, dans la partie la plus noble de son œuvre. — Il n’a pas fini. […] Mais ce que j’en estime le plus, c’est que de tout ce que nous possédons, elles sont seules qui prennent plaisir d’être possédées.

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