/ 1738
1734. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 7172-17709

Quoi qu’il en soit, ceux qui desirent faire quelque progrès dans l’étude des langues, doivent donner une attention singuliere aux formations des mots ; c’est le seul moyen d’en connoître la juste valeur, de découvrir l’analogie philosophique des termes, de penétrer jusqu’à la métaphysique des langues, & d’en démêler le caractere & le génie ; connoissances bien plus solides & bien plus précieuses que le stérile avantage d’en posséder le pur matériel, même d’une maniere imperturbable. […] Ailleurs c’est le rapport de la partie au tout, pes montis ; de l’espece à l’individu, oppidum Antiochiae ; du contenant au contenu, modius frumenti ; de la chose possédée au possesseur, bona civium ; de l’action à l’objet, metus supplicii, &c. […] Les uns l’ont appellé possessif, parce qu’il indique souvent le rapport de la chose possédée au possesseur, praedium Terentii ; d’autres l’ont nommé patrius ou paternus, à cause du rapport du pere aux enfans, Cicero pater Tuiliae : d’autres uxorius, à cause du rapport de l’épouse au mari, Hectoris Andromache. […] On voit que le rapport de la chose possédée au possesseur, s’exprime par un adjectif véritablement dérivé du nom du possesseur, mais qui s’accorde avec le nom de la chose possédée ; parce que le rapport d’appartenance est réellement en elle & s’identifie avec elle. […] Ainsi mutat Lucretilem signifie vient prendre, vient posséder, vient habiter le Lucretile ; il achete, pour ainsi dire, le Lucrétile pour le Lycée.

/ 1738