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1702. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre I. Les Saxons. » pp. 3-71

» Si peu nombreux que soient les chants qui nous restent, ils reviennent sur ce sujet : l’homme exilé pense en rêve à son seigneur47 ; « il lui semble dans son esprit — qu’il le baise et l’embrasse,  — et qu’il pose sur ses genoux — ses mains et sa tête,  — comme jadis parfois,  — dans les anciens jours,  — lorsqu’il jouissait de ses dons. —  Alors il se réveille,  — le mortel sans amis. —  Il voit devant lui — les routes désertes,  — les oiseaux de la mer qui se baignent,  — étendant leurs ailes,  — le givre et la neige qui descendent, mêlés de grêle. —  Alors sont plus pesantes — les blessures de son cœur. »  — « Bien souvent, dit un autre, nous étions convenus tous deux — que rien ne nous séparerait,  — sauf la mort seule. —  Maintenant ceci est changé,  — et notre amitié est — comme si elle n’avait jamais été. —  Il faut que j’habite ici — bien loin de mon ami bien-aimé,  — que j’endure des inimitiés. —  On me contraint à demeurer — sous les feuillages de la forêt,  — sous le chêne, dans cette caverne souterraine. —  Froide est cette maison de terre. —  J’en suis tout lassé. —  Obscurs sont les vallons — et hautes les collines,  — triste enceinte de rameaux — couverte de ronces,  — séjour sans joie… —  Mes amis sont dans la terre. —  Ceux que j’aimais dans leur, vie,  — le tombeau les garde. —  Et moi ici avant l’aube,  — je marche seul — sous le chêne,  — parmi ces caves souterraines… —  Bien souvent ici le départ de mon seigneur — m’a accablé d’une lourde peine. » Parmi les mœurs périlleuses et le perpétuel recours aux armes, il n’y a pas ici de sentiment plus vif que l’amitié, ni de vertu plus efficace que la loyauté.Ainsi appuyée sur l’affection puissante et sur la foi gardée, toute société est saine.

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