Mais, dans quelques-unes des préférences de cette sorte, où ce qui représente le mieux le génie de notre race est mis au-dessous de ce qui le représente moins exactement, ne retrouverait-on pas la manie généreuse et bien française de faire bon marché de ce qui nous est propre pour embrasser ce qui porte un air extraordinaire ? […] par exemple, au second vers d’Hernani, la duègne entendant frapper à la porte secrète : Serait-ce déjà lui ? […] Comme eux, elle croit qu’un destin implacable la poursuit, qu’elle est une créature fatale et qui porte avec elle le malheur partout où elle va : Le ciel s’est fait sans doute une joie inhumaine A rassembler sur moi tous les traits de sa haine, etc. […] Quand j’irais, comme Voltaire un jour, jusqu’à préférer secrètement la vieille Athalie, cette Elisabeth, cette Catherine, cette terrible femme qui porte si fièrement ses vengeances politiques et qui a, du reste, des retours de faiblesse féminine et presque de tendresse, je n’en serais peut-être pas moins subjugué par la grande allure de Joad, par sa foi absolue, par son impérieux et héroïque dévouement à cette foi. […] Achille, ce gentilhomme, dans les sacs de ville, enlève les filles et les porte lui-même, à bras-le-corps, dans son vaisseau.