Guttinguer, vraie nature délicate et poétique, a été jusqu’ici fort apprécié de ses amis ; et, quoique nous pensions depuis longtemps de lui ce que nous allons en écrire, nous ne l’aurions peut-être jamais exprimé publiquement sans l’occasion de ce roman d’Arthur, de peur d’un semblant de complaisance. […] Ulric Guttinguer, par son âge et ses débuts, remonte aux premiers temps de notre réveil poétique. […] Un volume de Mélanges poétiques de M. […] Guttinguer a mérité, vers 1830, de son ami Alfred de Musset, ce poétique hommage qui commence magnifiquement ainsi : Ulric, nul œil des mers n’a mesuré l’abîme, Ni les hérons plongeurs, ni les vieux matelots : Le soleil vient briser ses rayons sur leur cime, Comme un guerrier vaincu brise ses javelots ! […] Moi-même, entré dans ses confidences d’alors, ému de ses souvenirs plus que des miens, j’ai rêvé avec lui, près de lui, sous ces ombrages qu’Arthur sait si bien décrire, un grand roman poétique et qui était déjà commencé, quand Juillet est venu pour toujours l’interrompre : c’était un de ces romans de loisir et que la Restauration seule pouvait encadrer.