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600. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. VINET. » pp. 1-32

Cette continuation, ce progrès de littérature et de poésie n’a pas cessé de nos jours, comme bien l’on pense. […] Sans parler des poésies publiées et connues, comme le recueil des Deux Voix 7, il y a bien de jeunes espérances, et qui ne se gâtent pas jusqu’ici de fausses ambitions. […] Vinet, simple étudiant encore, ne fut pas sans quelque influence ; et cette poésie légère d’université, il l’employa à quelques chansons, devenues aussitôt populaires, contre les Bernois, contre l’ours de Berne. — L’homme que nous verrons si modéré, si tolérant, si timide même, ne manque pas d’une certaine énergie ardente que ses autres qualités recouvrent. […] Vinet, égarait la poésie loin de la veine heureuse, que son siècle et lui-même avaient rencontrée. » Il est impossible de plus enfermer en un l’adoucissement dans la critique, de plus précisément greffer l’éloge dans le blâme. […] S’il fallait chercher quelque représentant de la poésie du pays de Vaud, de cette poésie que Rousseau a vue dans les lieux, et qu’il a contestée aux habitants ; que quelques-uns, que plusieurs nourrissent pourtant avec culte ; il faudrait se tourner à côté, vers cette jeunesse de Lausanne qui s’essaye encore, feuilleter ce recueil des Deux Voix dans lequel je puis désigner la pièce du Sapin, entre autres, comme franche impression des hautes cimes ; s’adresser à la conversation de quelques hommes, comme M. le pasteur Manuel, qui se sont plus dirigés à l’étude qu’à la production, et qui, pieux et modérés, savent et sentent, en face de leur lac et de leurs montagnes, toute vraie poésie depuis les chœurs de Sophocle jusqu’aux pages de Mme de Staël23.

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