Ce ne fut que plus tard que je me rendis compte de cette fausse grandeur guindée sur des échasses, et de cette fausse poésie qui déclame et qui ne sent rien. […] Ce monument est comme l’homme, plus déclamatoire qu’éloquent ; c’est le mausolée académique d’une poésie de convention. […] On ne s’étonnait pas qu’elle eût été aimée pour ses charmes avant de l’être pour ses aventures et pour ses infortunes ; c’était de la poésie encore, mais de la poésie survivant aux années, qui la surchargeaient de leur embonpoint sans l’effacer, parce qu’elle est de l’âme et non de la chair. […] Mon deuil en effet, à moi, fut immense et ne se consola jamais de cette étoile éteinte dans le ciel de la poésie de notre siècle. […] Sa poésie est éternelle, parce qu’elle pleure mieux qu’elle ne fait semblant de rire.