/ 2581
480. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XIX. Mme Louise Colet »

Née à Marseille, elle avait ce que j’appelle la poésie marseillaise. […] Sa poésie, emphatique et creuse, elle ne cessa de la mêler à tout et on la retrouve jusque dans ses œuvres en prose, qui ne sont que des prétextes à vers. Cette poésie qui roule dans son flot, sans pureté, des paillettes prises à tous les Pactoles, quand ce n’est pas à tous les oripeaux, a cependant une manière de rouler ces bavures et toutes ses impudentes réminiscences, qui ne pouvait pas manquer de faire illusion aux culs-de-jatte de l’Académie, à qui le moindre mouvement défendu, le moindre signe de vie élémentaire, apparaissent comme des phénomènes ! […] En prose, comme en poésie, elle est emphatique et creuse. […] Elle avait le catarrhe de Facino Cane, dont sa poésie rappelait la clarinette ; mais sa vanité de bas-bleu rouge était plus forte que tous les rhumes, et elle se mit à promener majestueusement le sien, de Turin à Florence et de Rome à Naples et à Palerme, — poétique Ducantal de la liberté !

/ 2581