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344. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — Q. — article » pp. 572-580

Si ses talens poétiques ne peuvent être comparés à ceux des Corneilles, des Racines, des Moliere, des Lafontaine, des Boileau, &c. il peut du moins être regardé comme le Créateur des Tragédies lyriques parmi nous, & comme le meilleur modele de ce genre de Poésie. […] Il est donc plus coupable, à cet égard, aux yeux de la Morale, qu’aux yeux de la Poésie. […] Le morceau que nous venons de citer n’en seroit que plus frappant, s’il étoit aussi animé par la Poésie, qu’il l’est par la passion. […] Nous croyons cependant que ce spectacle est convenable pour de grandes fêtes, & qu’il est même susceptible de beautés particulieres dont aucun Ecrivain n’a mieux senti que Quinault toutes les especes différentes ; mais, nous le répétons, il ne faut pas s’étonner que Boileau, si exact, si sévere dans ses Productions, & qu’une étude continuelle des Anciens avoit accoutumé à leur caractere de beautés mâles & nerveuses, ne pût se familiariser avec une poésie presque toujours dénuée d’images & de métaphores hardies. […] Comment peut-on mettre treize Vers, nous ne disons pas au dessus, mais en comparaison de trois Pieces, dont une est restée au Théatre, où elle fait plaisir, & dont les deux autres annoncent plus de talens pour la Poésie en général que le meilleur Opéra de Quinault ?

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