Le poète disposait en même temps de la foi religieuse, et des passions humaines. […] Le malheur, chez les Grecs, se montrait auguste ; il offrait aux peintres de nobles attitudes, aux poètes des images imposantes : il donnait aux idées religieuses une solennité nouvelle ; mais l’attendrissement que causent les tragédies modernes est mille fois plus profond. […] Le poète était trop satisfait, trop exalté, pour donner au malheur une expression profondément mélancolique. […] Leur destinée était pour les Grecs un sujet national ; le poète dramatique, en les représentant, n’avait qu’à développer les idées reçues : il n’était point obligé de créer à la fois le caractère et la situation ; le respect et l’intérêt existaient d’avance en faveur des hommes qu’il voulait peindre. […] Les conceptions heureuses d’événements extraordinaires sont beaucoup plus l’ouvrage des traditions que des poètes.