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588. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Œuvres de Maurice de Guérin, publiées par M. Trébutien — II » pp. 18-34

Un homme pieux et poète, une femme dont l’âme va si bien à la sienne qu’on dirait d’une seule âme, mais dédoublée ; une enfant qui s’appelle Marie, comme sa mère, et qui laisse, comme une étoile, percer les premiers rayons de son amour et de son intelligence à travers le nuage blanc de l’enfance ; une vie simple, dans une maison antique ; l’océan qui vient le matin et le soir nous apporter ses accords ; enfin un voyageur qui descend du carmel pour aller à Babylone, et qui a posé à la porte son bâton et ses sandales pour s’asseoir à la table hospitalière : voilà de quoi faire un poème biblique, si je savais écrire les choses comme je sais les éprouver. Je n’ai point de regret à ce poème biblique ; il va nous en dire assez, tout en disant qu’il ne le saurait faire. […] Guérin rêvait plus : ce n’était là qu’un début ; il avait aussi fait une Bacchante qui ne s’est point retrouvée2, fragment anticipé de je ne sais quel poème en prose dont le sujet était Bacchus dans l’Inde ; il méditait un Hermaphrodite.

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