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342. (1913) La Fontaine « VII. Ses fables. »

Là, c’est l’épopée, pour mieux dire, l’épopée des animaux représentant des hommes ; mais ce n’est pas la fable, puisque c’est une collection, une série de grands poèmes épiques qui n’ont nullement le caractère ramassé, court, de la fable antique. […] Alors la fable prend un tout autre caractère, elle prend celui d’un poème où les animaux font leur leçon aux hommes et leur montrent combien les hommes sont inférieurs aux animaux ; elle prend le caractère du voyage de Gulliver aux pays des chevaux, ni plus ni moins, et l’opinion de Gulliver est absolument manifeste ; mais l’intention de La Fontaine, à mon avis, ne l’est pas moins, car voyez un peu comme il fait parler les bêtes. […] Je dis ici que La Fontaine (il ne faut pas le prendre tout à fait au sérieux), mais je dis que La Fontaine a pris la fable comme un poème où les animaux donnent des leçons aux hommes et des leçons qui ne laissent pas d’être raisonnables. […] Il tenait cela des Indiens, chez qui c’est une idée religieuse, une idée très ancienne que l’on trouve dans leurs plus vieux poèmes, que les animaux font des sociétés les uns avec les autres même lorsqu’ils sont d’espèces différentes. Leurs poèmes abondent en histoires de ce genre.

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