En voici la première : c’est que Corneille lui-même a toujours et publiquement professé pour sa Rodogune une prédilection toute particulière et, comme qui dirait, une tendresse de cœur pour cette enfant de sa maturité : On m’a, — nous dit-il dans son Examen de Rodogune, — on m’a souvent fait une question à la Cour, quel était celui de mes poèmes que j’estimais le plus, et j’ai trouvé tous ceux qui me l’ont faite si prévenus en faveur de Cinna ou du Cid, que je n’ai jamais osé déclarer toute la tendresse que j’ai toujours eue pour celui-ci… Je veux bien laisser chacun en liberté de ses sentiments, mais certainement on peut dire que mes autres pièces ont peu d’avantages qui ne se rencontrent en celle-ci : elle a tout ensemble la beauté du sujet, la nouveauté des fictions, la force des vers, la facilité de l’expression, la solidité du raisonnement, la chaleur des passions, les tendresses de l’amour et de l’amitié ; et cet heureux assemblage est ménagé de sorte qu’elle s’élève d’acte en acte.