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1054. (1856) Réalisme, numéros 1-2 pp. 1-32

Vacquerie, et pour en finir avec lui ; puisqu’il prédit à l’épopée des Misérables « la fortune miraculeuse de Notre-Dame de Paris », et puisque depuis trois mois qu’il en a entendu le commencement, il n’a pu encore « penser à ces pages sacrées sans se sentir troublé à un point indicible », et qu’« il ne reprendra parfaitement ses sens que quand la publication de ce poème unique lui permettra de parler et de répandre au dehors l’admiration qui lui étreint la gorge » je lui ferai à mon tour une prédiction qui ne manquera pas de le flatter. […] Cela viendra, je l’espère ; alors plus d’Harmonies du cœur, de Larmes et Sourires, de Soupirs et Langueurs, de Souffrances et Plumes arrachées, de Brises du soir, plus de Méditations, de Contemplations, de Satires, de Primevères, de Chroniques rimées, de Poèmes antiques ou antédiluviens, de Chercheurs d’or, de Gabrielle, d’Honneur et d’Argent. […] vous supportez patiemment ces injures dans les Champs-Élysées où vous faites d’éternelles tragédies, de sacrés poèmes épiques et une si magnifique consommation d’adjectifs. […] Donnez la vie idéale à qui n’a plus la vie réelle ; complétez les anciens, dites-nous ce qu’ils ne savaient pas. — Celui-ci est un poète découragé, glacé, et j’ai frémi en lisant l’explication qu’il donne de son poème de Bhagavat r : « On a tenté d’y reproduire au sein de la nature excessive et mystérieuse de l’Inde, le caractère métaphysique et mystique des Ascètes visnuites en insistant sur le lien étroit qui les rattache aux dogmes bouddhistes. » M.  […] Et ces grandes allures poétiques les mènent à ne sentir ni le présent, ni le passé, ni la foi, ni la vie qu’ils dénaturent et troublent dans leurs poèmes antiques ou chrétiens, dans leurs tragédies et dans leurs comédies d’aujourd’hui, Quelle foule ont-ils encore remuée jusque dans les entrailles ?

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