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342. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Madame de Lambert et madame Necker. » pp. 217-239

Mariée en 1666 au marquis de Lambert, officier de mérite qui devint plus tard lieutenant-général, et dont le père l’avait été, elle entra dans un monde plus conforme à ses instincts élevés, et elle ne garda de son premier entourage que le goût très vif des choses de l’esprit. […] Elle veut qu’elle aussi, pour être heureuse, elle apprenne à penser sainement, à penser différemment du peuple sur ce qui s’appelle morale et bonheur de la vie : « J’appelle peuple, ajoute-t-elle, tout ce qui pense bassement et communément : la Cour en est remplie. » Ces réflexions philosophiques, qui, plus tard, passeront aisément à la déclamation et à l’excès, percent déjà à l’état d’analyse très distincte chez Mme de Lambert. […] Mme de Lambert préférait à ces femmes éhontées de la Régence jusqu’à la docte Mme Dacier elle-même, en qui elle voyait une autorité en l’honneur du sexe : « Elle a su associer, disait-elle, l’érudition et les bienséances ; car à présent on a déplacé la pudeur, la honte n’est plus pour les vices, et les femmes ne rougissent plus que du savoir. » Dans la querelle qui s’éleva entre cette docte personne et La Motte au sujet d’Homère, Mme de Lambert, tout en penchant du côté de son ami, plus poli et plus délicat, essaya d’introduire la balance et d’amener entre eux un raccommodement qui se fit un peu plus tard par l’intervention de M. de Valincour.

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