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319. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXVe entretien. J.-J. Rousseau. Son faux Contrat social et le vrai contrat social (1re partie) » pp. 337-416

La Grèce bavarde, le Bas-Empire stupidifié par la servitude, le moyen âge romain, fermentant d’un christianisme mal compris, corrompu par Platon, rêvant le règne de Dieu sur la terre, déconseillant le mariage, ce joug divin du couple humain, poussant les hommes et les femmes dans le célibat ascétique pour amener la fin du monde, tuant le travail et la famille par la communauté des biens et par l’égalité démagogique du nivellement dans la misère, faisant le monde viager et indigent, au lieu de le faire, comme le Créateur l’a fait, perpétuel par la propriété, patrimoine de la famille ; l’Italie oisive, l’Allemagne rêveuse, l’Espagne mystique, l’Allemagne somnambule, la Hollande brumeuse, l’Angleterre audacieuse d’originalités excentriques, pullulèrent plus tard de ces machinistes de sociétés idéales, jeux d’osselets quelquefois terribles, comme les anabaptistes d’Allemagne et les jacqueries en France. […] Ces deux filiations firent plus tard de Rousseau un enfant impressionnable, un écrivain sublime, un rêveur chimérique et un philosophe vicieux. […] La présentation de la lettre de recommandation de Rousseau adolescent à cette jeune et belle protectrice, que Rousseau devait plus tard aimer, ruiner, déshonorer et immortaliser ; cette présentation est une véritable scène du roman grec de Daphnis et Chloé. […] Il en avait l’instinct ; il en épela assez les principes pour composer plus tard le Devin du village, idylle grecque écrite et chantée par un pasteur suisse qui se souvient, en notes, du ranz des vaches de son hameau. […] À son retour à Chambéry, il n’y trouve plus madame de Warens. « Quant à ma désertion, dit-il, du pauvre maître de musique, je ne la trouvais pas si coupable. » Plus tard, cependant, il se la reproche ; mais le maître, à qui on avait volé jusqu’à ses instruments, sa musique et son gagne-pain, était mort de cet abandon.

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