Écrire un journal quand on a une existence mouvementée, pleine d’événements, quand on voit des hommes très divers, cela est intéressant ; mais écrire son journal quand on vit chez soi et qu’on n’en bouge pas, quelle bizarrerie ! […] En réalité, l’homme comme l’écrivain chez lui sont pleins de torpeur, et son imagination est bien froide qui ne peut l’entraîner. […] En somme, sauf Marianna, qui est mal écrite, mais pleine de passion, tous ces livres sont sans humanité, et le caprice et la nervosité des femmes oisives leur a beaucoup prêté, mais l’âme en est absente. […] Nietzsche, comme Schopenhauer, est un moraliste plein d’aperçus ingénieux, singuliers, ce n’est pas un philosophe ; j’entends par là qu’il n’a pas une conception neuve ni unique du monde, qu’il ne se soucie pas de se contredire de page en page. L’âme de Nietzsche si vibrante, si clairvoyante par instants, est pleine de séductions, l’esprit de Nietzsche, je m’en défie.