« Les chasseurs prennent les biches en chantant ou en jouant de la flûte ; elles se laissent charmer par le plaisir de les entendre. […] L’intérêt peut se présenter sous plusieurs formes : d’abord assez grossier, et c’est alors la fortune, avec tous les biens secondaires qui la constituent ; puis un peu plus raffiné, sous l’aspect du plaisir, avec ses séductions et ses attraits trop souvent irrésistibles ; et enfin, moins déterminé et plus acceptable, sous le spécieux prétexte du bonheur. « La loi morale, et par conséquent aussi la science, doit repousser et combattre l’intérêt, sous quelque masque qu’il se dissimule ; fortune, plaisir, bonheur même, elle ne peut accepter aucun de ces mobiles pour la conduite de l’homme. […] La loi morale, que les cœurs ignorants ou faibles se représentent sous des couleurs si sévères, afin de la mieux éluder, n’interdit à l’homme ni la richesse, fruit ordinaire et mérité de son labeur, ni le plaisir, besoin de sa nature, ni le bonheur, tendance spontanée et constante de tous ses efforts. Mais elle lui dit, sans qu’il puisse se méprendre à la sagesse obligatoire de ces conseils, qu’il doit dans certains cas, assez rares d’ailleurs, sacrifier au bien fortune, plaisirs, bonheur, vie même ; et que s’il ne sait pas accomplir ce sacrifice, ce sont des idoles qu’il adore, et non le vrai Dieu.