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570. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1868 » pp. 185-249

* * * — Combien de temps faudra-t-il encore — peut-être des siècles — pour que notre barbare civilisation ait le moindre confortable, et qu’une salle de plaisir quelconque, une salle de café ou de bal ou de spectacle, ne soit pas une boîte à maladie ou à malaise pour le lendemain. […] Et au grand balcon, un vainqueur, dans la robe de chambre de Louis-Philippe, singeait, caricatural comme un Daumier, le salut de sa vieille phrase : « C’est toujours avec un nouveau plaisir… » Aujourd’hui, en repassant rue des Capucines, je regarde par hasard l’enseigne, et je lis, à la place de « Chaudronnier du Roi » : Chaudronnier de l’Empereur. […] * * * — Des types de roman et de théâtre, ces bourgeois qui se sont créé un royaume, un ministère, des sérails, une presse, des journaux, un théâtre, une vie d’orgueil et de plaisir, comme Benazet de Bade, comme le C… d’ici. […] Et l’on goûtait un rare et étrange plaisir, en ce salon princier, oubliant de se scandaliser, de ces contes, de ces paradoxes, de ces récits crus de voyages, où semblait se faire entendre la double voix de Rabelais et de Diderot. […] Lors de son droit, Edmond qui avait une pension de 1200 francs pour son entretien et ses menus plaisirs, achetait, 400 francs, le Télémaque sur peau de vélin, de la vente Boutourlin.

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