X Le duc de Laval parut conserver pendant toute sa vie pour la belle Juliette un sentiment tendre, mais désintéressé, qui ne demandait sa récompense qu’au plaisir même d’admirer et d’aimer. […] Aucune de ces voix ne prévalait dans son cœur ; ni pervertie ni convertie, mais toujours adorée, c’était son rôle et c’était son plaisir ; elle ne désespérait ni l’amour ni la piété, laissant l’espérance à tous les sentiments afin de conserver toutes les faveurs. […] Elle revit en pensée ce compagnon des premières années de sa vie, dont l’indulgence, si elle ne lui avait pas donné le bonheur, avait toujours respecté ses sentiments et sa liberté ; elle le revit vieux, dépouillé de la grande fortune dont il avait pris plaisir à la faire jouir, et l’idée de l’abandon d’un homme malheureux lui parut impossible. […] J’y allais moi-même sans assiduité, mais jamais sans plaisir, toutes les fois que j’habitais momentanément Paris.