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547. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome IV pp. 5-

La sensibilité, qui la ramène avec tant de douceur vers les images de la monarchie et de la paix, respire en ses fictions une mélancolie contractée à l’aspect des guerres civiles qui désolèrent la république : elle paraît se plaire à laver la pourpre impériale du sang dont les factions l’ont noircie. […] Le zèle m’échauffait et non le ressentiment ; je parlais pour garantir et non pour récriminer : maintenant que tous les maux ont été subis, que notre nation a gémi de tant de peines, à Dieu ne plaise que je réveille le souvenir des dissensions, quand nous ne devons plus nous envisager qu’avec des yeux fraternels ! […] Toutes plairont, si l’auteur les offre sous leur aspect vrai, parce qu’il n’est pas d’objet que l’art ne rende agréable en l’imitant bien, et en l’embellissant de sa magie sans le dénaturer. […] Un tel sujet, si riche sous les pinceaux des artistes de l’Italie, devait-il être infécond pour une muse épique, dont la plus importante loi est de plaire par la variété de l’ordre qu’elle établit en son plan ? […] Entre les deux écarts d’une affectation vaine, ou d’une simplicité trop nue, ce dernier défaut est le plus excusable et le moins dangereux ; car on peut toucher et plaire quand on est vrai, quoique sans embellissement ; mais on fatigue par un faste superflu, par un clinquant de mauvais goût.

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