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493. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « H. Forneron » pp. 149-199

Malheureusement, dans une histoire où le Catholicisme tient une si grande place qu’il semble tenir toute la place, il faudrait le sens profond et nécessaire du Catholicisme, et il manque à Forneron. […] Son fils Henri, dont Forneron, souvent très artiste (voir son portrait d’Élisabeth et surtout sa mort de Marie Stuart), écrit qu’il avait le charme et la témérité de Borgia, — un Borgia blond, « plus Italien que Lorrain, malgré ses cheveux d’or, plus paladin que général, plus conspirateur qu’homme d’État, et qui mourut d’une conspiration », — eut, par un hasard inouï de guerre, le bonheur de prendre à son père, par une blessure reçue à la même place, son fier surnom de Balafré. […] Ce livre a la puissance personnelle des facultés qui font le talent, mais il a l’impuissance de son siècle, — d’un siècle à qui manque radicalement le sens des choses religieuses, et il en faut au moins la connaissance et la compréhension pour en parler dans une histoire où elles tiennent une si grande place. […] Tête de gouvernement, esprit historique, il a, dans son livre, et à plus d’une place, exprimé le plus hautain mépris pour elles. […] L’historien s’y montre, il est vrai, ce qu’il était dans ses précédents ouvrages, c’est-à-dire un esprit solide, au coup d’œil politique inaltérable ; mais le moraliste y occupe une place plus large et supérieure à celle de l’historien.

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