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650. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « La Grande Mademoiselle. » pp. 503-525

On dansa sur un grand théâtre éclairé ; au milieu et au fond il y avait un trône élevé de trois marches et surmonté d’un dais : Le roi (Louis XIV) ni le prince de Galles (depuis Charles II) ne se voulurent point mettre sur ce trône ; j’y demeurai seule, de sorte que je vis à mes pieds ces deux princes et ce qu’il y avait de princesses à la Cour. […] Pendant que j’y étais et que le prince était à mes pieds, mon cœur le regardait du haut en bas aussi bien que mes yeux ; j’avais alors dans l’esprit d’épouser l’empereur… Je ne regardais plus le prince de Galles que comme un objet de pitié. […] Quand Lauzun sortit de prison, ce n’était plus l’honnête homme, le galant homme et l’homme poli qui l’avait tant charmée : le courtisan seul avait survécu, courtisan acharné, et qui n’eut pas de cesse qu’il ne se retrouvât sur pied et dans un replâtrage de faveur auprès du maître ; d’ailleurs dur, intéressé ouvertement, cupide, osant reprocher à Mademoiselle les sacrifices mêmes qu’elle avait faits pour le délivrer.

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