« Par ses goûts, ses études et ses amitiés, surtout à la fin, Joseph appartenait d’esprit et de cœur à cette jeune école de poésie qu’André Chénier légua au dix-neuvième siècle du pied de l’échafaud, et dont Lamartine, Alfred de Vigny, Victor Hugo, Émile Deschamps, et dix autres après eux, ont recueilli, décoré, agrandi le glorieux héritage. […] Peut-elle refleurir lorsqu’a soufflé l’orage, Et qu’en nos cœurs l’orgueil debout a, dans sa rage, Mis le pied sur l’autel ? […] Qu’aussi Victor Hugo, sous un donjon qui croule, Et le Rhin à ses pieds, interroge et déroule Les souvenirs des lieux ; quelle puissante main Posa la tour carrée au plein cintre romain, Ou quel doigt amincit ces longs fuseaux de pierre, Comme fait son fuseau de lin la filandière ; Que du fleuve qui passe il écoute les voix, Et que le grand vieillard lui parle d’autrefois ! […] L’amitié qu’elle implore, et en qui elle veut établir sa demeure, ne saurait être trop pure et trop pieuse, trop empreinte d’immortalité, trop mêlée à l’invisible et à ce qui ne change pas ; vestibule transparent, incorruptible, au seuil du Sanctuaire éternel ; degré vivant, qui marche et monte avec nous, et nous élève au pied du saint Trône. […] Excepté dans la Jeune Captive, pièce teinte avec son sang au pied de l’échafaud, André Chénier me paraissait un pastiche du Grec plus qu’un Français.