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280. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Théâtre » pp. 83-168

si nous avions pu écrire une seconde pièce d’amour, celle-là, je vous en réponds, eût été balayée de tout jargon romantique ou livresque, et l’on n’y eût pas rencontré une phrase comme celle-ci : « Vous étiez dans mes rêves comme il y a du bleu dans le ciel », une phrase pas mal rédigée tout de même, mais appartenant au vieux jeu. […] Il était besoin, pour le tenter et peut-être réussir, de continuer à avoir pour collaborateur un poète doublé d’une oreille particulière, un original passant des heures entières, aux Tuileries, à entendre causer des bébés, pour le seul plaisir de surprendre la syntaxe de leurs phrases enfantines. […] À propos de la phrase « J’en ferais mon cœur », un critique théâtral disait hier que c’était un propos de soubrette d’il y a cent ans. […] Je me trouvais, il y a quelques années, dans le salon d’un grand écrivain ; autour de lui des auteurs de livres connus, des esprits distingués et bêtement idéaux, gémissaient, sur un mode élevé, du remplacement au théâtre des mots spirituels par des gorges, du remplacement des phrases bien faites par des cuisses, et à défaut de chair toute crue, et toute nue, du remplacement d’à peu près tout par des robes de Worth. […] En cette semaine violente, peu occupée, on le comprendra, de littérature, Janin, que nous allions remercier du seul article bienveillant publié sur notre livre, nous saluait, en nous reconduisant avec cette phrase : « Voyez-vous, il n’y a que le théâtre ! 

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