Et, de son lieu d’exil, cet homme tourne, vers son pays, son âme immense et grandie encore par la souffrance, par l’amertume ; il puise, en cette amertume même, une sérénité créatrice, sans dédain, sans récrimination, toute généreuse, et, d’un effort de son imagination passionnée, il dote sa patrie et l’univers, non pas seulement d’un chef-d’œuvre nouveau, mais d’un code de paix et d’amour, d’espérance et d’affranchissement, d’un Évangile, enfin, de lumière et d’avenir… Il faudrait n’avoir rien dans le cœur que la haine stupide de la brute, pour ne pas sentir, jusqu’à l’enthousiasme, la beauté inconnue de ce phénomène moral… Il semblait qu’Émile Zola eût épuisé l’existence entière et plus… Il lui avait pris successivement toutes ses misères, toutes ses secousses, tous ses abandons, toutes ses révoltes aussi. […] G… et, bien qu’il ait plus de cinquante ans, ce qui veut dire qu’il a dû en rencontrer, dans la vie, des saletés de toute sorte, il reste ferme dans son amour et conserve intactes ses illusions d’une régénération, non seulement sociale, mais humaine… Je me suis contenté d’inscrire ses initiales, ne voulant pas livrer le nom complet de ce phénomène à la malignité des hommes d’esprit… d’esprit tout court… car, en général, il n’y a pas de pires ignorants, de pires imbéciles, de pires réactionnaires, par conséquent de plus dangereuses bêtes que ce qu’on appelle les hommes d’esprit… Nous nous étions longuement entretenus des prix Nobel.