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534. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « H. Forneron » pp. 149-199

Il pèse sur tout cela, par la juste raison que, dans tout pays et dans tout siècle, tout cela, c’est la ruine, la dévastation, la misère et la honte d’un gouvernement et d’un peuple. […] Il mit de telles persécutions et de tels supplices sur la gorge de ce peuple qu’il fallait ramener à l’obéissance, que, de désespoir, il se cabra, et, rompant toutes ces martingales sanglantes, il s’échappa pour ne plus pouvoir jamais être repris ! […] le fanatisme religieux, le charbon fumant d’une flamme d’amour, inextinguible encore, pour une religion enfoncée par le marteau de quinze siècles dans le cœur, les mœurs et les institutions politiques des peuples, et même de ceux-là qui s’étaient révoltés contre elle. […] La Ligue, même, qui n’eut de bon que ce fanatisme religieux méconnu si profondément par Forneron, la Ligue, qui, pour nous, fut à l’origine l’explosion de la conscience révoltée d’un peuple, n’a pas échappé à cette loi des Démocraties. […] L’homme politique que j’ai tant signalé dans Forneron, le modéré, le libéral, dont on aperçoit l’opinion à travers le goût et l’estime qu’il a pour Louis XVIII, l’auteur de la Charte future, laisse échapper que la modération, avec laquelle seule on puisse gouverner les peuples, a pour destinée d’être écrasée toujours… Pour ma part, je le crois aussi, mais c’est, précisément, parce que ce n’est pas avec elle seule qu’on peut gouverner les peuples… Véritablement, ils ne sont pas si faciles à mener que cela !

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