C’est ce scrupule qu’il a un jour exprimé avec une vivacité un peu osée, — cum grano salis, — en disant que « nous devons la vertu à l’Eternel, mais que nous avons droit d’y joindre, comme reprise personnelle, l’ironie ». […] Son exemple nous montre bien la vanité des distinctions qu’on fait entre la critique personnelle et l’impersonnelle. […] On devine souvent chez lui cette arrière-pensée que, pour un homme de talent, il faisait bon vivre dans ce monde du dernier siècle, que le mérite personnel s’y imposait peut-être mieux, y était traité avec plus de justice que dans une société démocratique, bureaucratisée et enchinoisée à l’excès… Et puis, Weiss avait décidé en lui-même qu’il y avait dans notre histoire deux époques où l’esprit français s’était manifesté sous des formes particulièrement attrayantes : le dix-huitième siècle et le gouvernement de Juillet, et que c’était sous Louis XV que cet esprit avait montré le plus de finesse et de grâce, comme c’était sous Louis-Philippe qu’il avait montré le plus de générosité. […] Une idée personnelle n’est pas une idée neuve… » Et l’archevêque du bon sens continue avec une grande succulence de langage : « … Vous avez pensé que Chimène sacrifie son amour à son devoir, que Rodrigue est un héros bouillant d’amour et de jeunesse, que Don Diègue est un Gascon épique… N’allez pas vous embarrasser de scrupules et vous répéter tout bas : Mais tout le monde a dit ça ! […] Ou plutôt il ne reste rien au vieux fêtard : mais André, en fils délicat, partage avec lui, sans le lui dire, le demeurant de sa fortune personnelle.