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845. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « La jeunesse du grand Condé d’après M. le duc d’Aumale »

Enfin un respect les entoure, presque involontaire chez ceux qui le leur témoignent ; ils lisent presque à chaque instant, dans les yeux, dans les gestes, dans toute l’attitude de ceux qui les approchent et même des personnes les plus considérables, qu’ils sont d’une espèce supérieure et privilégiée. […] Ces respects qu’on leur rend, ils ne savent point s’ils s’adressent à leur sang ou à leur personne. […] Aussi bien je n’ai pu parvenir à m’intéresser à la personne de Henri II de Bourbon. […] Il revient à Paris, entre à l’Académie royale, qui était une sorte d’École militaire, et commence à aller dans le monde, à l’hôtel de Condé et à l’hôtel de Rambouillet, où il rencontre une foule de jolies personnes et notamment cette touchante Marthe du Vigean dont il devient quelque peu amoureux. […] Dès la première rencontre, il se bat éperdument. « Après avoir tiré à bout portant ses deux pistolets, il désarme de sa main et fait prisonnier un capitaine de cuirassiers de l’empereur. » Nous savons par les témoignages des contemporains qu’il donnait toujours de sa personne dans la mêlée, que le combat l’enivrait et le transfigurait, et qu’il apparaissait alors, les yeux flamboyants, tout rouge de sang, « pareil au dieu Mars ».

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