Mme Dacier, d’après Aristote fortifié et corroboré par le père Le Bossu, définissait le poème épique : « un discours en vers, inventé pour former les mœurs par des instructions déguisées sous l’allégorie d’une action générale et des plus grands personnages. » L’abbé ne se paye pas de ces mots d’école et de ce galimatias ; le poème épique, selon lui, sans tant de façons, c’est tout uniment celui dans lequel le poète raconte l’action, de même que tout poème dans lequel les personnages parlent et agissent est plus ou moins du genre dramatique. […] Mœurs, caractères, il traite tout cela avec le même esprit de simplification. « Le mot de mœurs, appliqué singulièrement aux personnages du poème, n’est autre chose que les penchants habituels et les sentiments qui constituent le caractère du personnage. » Le but moral comme l’entend Mme Dacier, le but d’instruction expresse, le dessein prémédité de former les mœurs, il ne le voit pas, — pas plus dans Homère que dans Racine : Racine, dit-il, n’a pas blessé la morale dans ses tragédies ; je vois bien des gens qui les envisagent comme des poèmes favorables aux mœurs, mais ils ne font pas pour cela honneur à Racine de ne s’être proposé aucune autre fin que l’instruction.