Le Tasse s’était vivement attaché à ce jeune homme ; il lui communiquait les vers qu’il composait encore dans sa prison, et lui permettait d’en prendre des copies sous ses yeux. […] Ô madame ma chère sœur, mon état est incurable ; je vous supplie, par la mémoire et l’âme de notre père et de notre mère qui nous ont nourris, de permettre que je vienne auprès de vous, je ne dis pas pour goûter, mais au moins pour respirer cet air des lieux où je suis né ! […] Dites-moi aussi s’il y a quelque espoir de recouvrer une partie de cet héritage de notre mère, au sujet duquel vous m’avez écrit ; car autrement je ne vois pas comment vivre, et avec cela tout mal sera supportable et léger, et je remercierai Dieu de sa miséricorde, s’il permet au moins que j’expire dans vos bras, au lieu d’expirer dans les bras indifférents des domestiques d’un hôpital d’incurables ! […] Il supplia le cardinal Cinthio de lui permettre de quitter ses appartements trop bruyants et trop pompeux du Vatican, pour aller habiter l’humble monastère de Saint-Onufrio, sorte d’ermitage au sommet d’une colline élevée et silencieuse à Rome (le mont Janicule).