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12. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre IV. Des changements survenus dans notre manière d’apprécier et de juger notre littérature nationale » pp. 86-105

Les mots, il faut le dire, ne représentent plus les mêmes idées pour tous ; il en est même, s’il est permis de parler ainsi, qui sont devenus de simples sons, vides de sens, auxquels on ajoute plus aucune idée, le signe d’aucun sentiment. […] De telles accusations et l’expression de tels regrets, sans prétendre ici les discuter où les apprécier, ne sont-elles pas le signe d’un grand changement dans plusieurs de nos admirations, changement dont il n’est plus permis de douter, parce qu’il est de toute évidence ? […] Qu’il me soit permis, avant d’aller plus loin, de faire observer combien est fausse l’accusation qu’on nous a faite si souvent de ne point avoir de littérature nationale. […] Sans porter un jugement sur les deux littératures qui se disputent aujourd’hui l’empire du monde, et sur lesquelles nous aurons, au reste, occasion de revenir, qu’il nous soit permis de remarquer d’abord que la littérature romantique a pris naissance au sein d’une langue qui est encore, pour ainsi dire, dans le travail de l’évolution ; c’est la langue allemande que je veux désigner. […] Mais, ce qu’il est permis d’affirmer dès à présent, c’est que si l’on peut gagner des avantages dans des combats partiels contre la force des choses, jamais on ne remportera de victoire décisive.

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