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429. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIIIe entretien. Littérature cosmopolite. Les voyageurs »

On tient que ce n’est pas eau de source, mais eau de neige, qui en fondant distille à travers les rochers dans ce lac enfermé ; et on le juge ainsi, parce qu’en mettant de cette eau sur la langue, on y trouve de l’acrimonie et que l’on n’en est pas désaltéré quand on en boit ; mais elle perd cette qualité en se mêlant dans le fleuve de Zenderoud. […] Il arriva, au bout de deux ans, qu’un officier du roi, l’ayant reconnu capable de quelque chose de plus que de porter le mousquet, le prit pour son secrétaire ; mais il n’eut pas été là trois mois, qu’un enfant du quartier, qui avait été perdu huit jours durant, fut trouvé dans sa chambre dans l’état des gens qu’on enlève violemment. […] Voici celle de ce vieux chien qui perdait le respect pour Votre Majesté, et qui était devenu traître, tant à sa personne qu’à son État, lequel il ruinait par son audace et par sa tyrannie: il tramait une révolte qui eût coûté la vie à Votre Majesté, et c’est ce qui m’a obligé de lui ôter la sienne par l’amour que j’ai pour la vôtre. » Le roi, fort effrayé et consterné du spectacle, ne perdit pourtant pas le jugement, mais lui répondit fort prudemment pour un jeune prince, quoique en tremblant: « Janikan ! […] Je vous tiens pour mon père ; vos fils sont mes frères, faites-moi votre héritier avec eux, je ferai en sorte qu’ils n’y perdent rien ; ou bien, si vous l’aimez mieux, faites bâtir de votre vivant quelque édifice pour la commodité et pour l’embellissement de la ville. » Abas le Grand avait des manières engageantes, qui le faisaient venir à bout de tout. […] Voilà pourquoi on le nomme Zendéh ou Zdyendéh (vivace) et, comme dans le temps des semailles, on emploie tellement toute son eau qu’il ne s’en perd pas une goutte, cette précieuse destination lui a valu le surnom de Zéryn roùd (rivière d’or).

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