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576. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Innocent III et ses contemporains »

Nous pensions en avoir fini avec l’institution papale au Moyen Âge ; c’était une erreur. […] Malgré tout ce que dit l’auteur allemand de la fermeté d’Innocent (et bien contrairement aux idées répandues par des écrivains passionnés dans le sens opposé à Hurter), nous pensons, nous, que le Pape n’osa pas toujours se servir de l’omnipotence d’opinion dont il était nanti par le fait de l’éducation et des développements de l’humanité au xiiie  siècle. […] Il était pénétré du sentiment de son droit ; il pensait (et il avait raison) que son intervention dans de telles affaires constituait un des plus puissants ressorts de la Papauté. […] Aussi, de même que nous ne saurions voir dans Innocent III le plus grand homme qui ait jamais existé, comme dit Saint-Chéron, nous ne saurions voir non plus dans Hurter le plus grand historien, comme Saint-Chéron voudrait le donner à penser. […] Du reste, il l’aurait pensé qu’il faudrait s’étonner encore de la grave injustice qu’il y a vis-à-vis de tout un pays libéral, éclairé, comme l’Allemagne, à le faire solidaire des préjugés et des erreurs d’un écrivain isolé.

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