On ne mettait point de bornes à l’utilité qu’on croyait en tirer, et des érudits pensaient que de dix choses qu’ils avaient, ils en avaient appris neuf par la conversation. […] Mais enfin si l’on cherche dans l’entretien d’autrui autre chose qu’une distraction sans effort, une occasion de sommeil pour l’intelligence accablée, autre chose que la satisfaction de bavarder, de manifester et d’assouvir une curiosité frivole ou une malignité irréfléchie, si l’on veut penser tout haut, et écouter penser les autres, il y a encore beaucoup à tirer de la conversation. […] Mais à l’ordinaire on ne songe guère à cela : la plupart des gens ne sont occupés qu’à dégorger ce qu’ils croient savoir, à tirer la conversation du côté par où ils pensent briller, à faire les honneurs de leur information ou de leur esprit.