Cette continuation, ce progrès de littérature et de poésie n’a pas cessé de nos jours, comme bien l’on pense. […] Vinet sur les mots et leurs divers accidents me donnent occasion d’en glisser une qui m’est propre sur le français du canton de Vaud : c’est qu’on trouve dans ce canton, comme dans les divers pays où l’on parle français hors de France, des restes nombreux d’expressions et de locutions anciennes qui ont dès longtemps disparu en France même et au cœur de notre culture ; des mots du xvie siècle : volée, par exemple, tout à fait dans la même acception que chez Estienne Pasquier quand il parle des poëtes de la volée de Ronsard ; le peuple dit : Il s’est pensé, pour il a pensé ; il s’y fait beau, pour il fait beau (le s’y dans ce cas n’est peut-être que cy pour ici).