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481. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Charron — I » pp. 236-253

Dans ce drame que nous dévoilent ses Pensées, l’acteur est le même que le héros, et l’un et l’autre ne sont que l’homme souffrant, cherchant, désirant, et, quand il a trouvé, criant aux autres : Suivez-moi ! […] Pascal n’a rien de ces arrière-fonds de pensée ; il sait bien qu’il se noie, s’il n’embrasse cette voie unique de salut ; et c’est pourquoi il se jette à corps perdu dans la recherche, y associant tous les hommes ses frères. […] Qui prendrait la peine de lire plume en main Montaigne et d’y relever tout ce qui est dit sur les divers sujets et titres qui se rencontrent dans La Sagesse de Charron, trouverait non seulement le fond et la substance de ses pensées, mais encore la forme même et le détail de son expression. […] … L’espérance, allumant de son doux vent nos fols désirs, embrase en nos esprits un feu plein d’une épaisse fumée, qui nous éblouit l’entendement, et, emportant avec soi nos pensées, les lient pendues entre les nues, nous ôte tout jugement, et nous fait songer en veillant. […] Ce n’est point de sa part une question d’amour-propre ; il a gardé cela des érudits, que pour lui, en fait de bonnes pensées, citation vaut invention.

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