L’âge actuel serait, dans le système que je me propose de développer, l’âge d’une seconde émancipation, celle de la pensée par l’affranchissement des liens de la parole. […] Je suis loin, sans doute, d’admettre, quant à moi, la séparation de la parole et de la pensée ; mais il ne s’agit point de mes propres expériences. […] Il n’était pas venu dans la pensée d’imaginer que l’invention du langage pût être au pouvoir de l’homme. […] Ceux-là sont venus à comprendre qu’il s’est opéré un grand changement dans l’intelligence humaine, et que ce changement a pénétré dans le sanctuaire même de la pensée. […] Ainsi, de ce que les langues sont considérées comme les signes de nos pensées, et comme des méthodes, il ne faut pas croire que l’homme ait eu le pouvoir de faire sa langue dans l’origine.