Ainsi il n’y a que certaines passions qui aïent un rapport particulier avec nous, et dont la peinture ait des droits privilegiez sur notre attention. […] Les peintures d’une passion que nous n’avons pas ressentie, ou d’une situation dans laquelle nous ne nous sommes pas trouvez, ne sçauroient donc nous émouvoir aussi vivement que la peinture des passions et des situations qui sont actuellement les nôtres, ou qui l’ont été autrefois. En premier lieu l’esprit n’est gueres piqué par la peinture d’une passion dont il ne connoît pas les symptômes, il craint d’être la dupe d’une imitation infidelle. […] Comment ceux qui n’ont pas de dispositions à sentir une passion, comment un homme qui n’est point agité par l’objet même, pourroit-il être vivement touché par sa peinture ?