/ 2391
664. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Bussy-Rabutin. » pp. 360-383

Bussy, tout léger qu’il est, a connu la vraie passion en effet, mais il ne l’a connue que tard ; il convient que, dans toutes ces premières et folles épreuves, il n’avait rien de sérieux d’engagé : « Pour revenir à mes amours, dit-il plaisamment en tout endroit, il est à remarquer que je ne pouvais plus souffrir ma maîtresse, tant elle m’aimait. » — « Mon heure d’aimer fortement et longtemps n’était pas encore venue » dit-il encore ; et, parlant d’une séparation qui eut lieu alors, et qui lui fut moins pénible qu’elle n’aurait dû l’être : « C’est que la grande jeunesse, ajoute-t-il, est incapable de réflexions ; elle est vive, pleine de feu, emportée et point tendre tout attachement lui est contrainte ; et l’union des cœurs, que les gens raisonnables trouvent le seul plaisir qu’il y ait dans la vie, lui paraît un joug insupportable. » Le véritable attachement de Bussy ne fut que tout à la fin pour la comtesse de Montglat, qui l’en paya si mal, et qui lui laissa au cœur, par sa perfidie, une plaie ulcérée et envenimée dont on voit qu’il eut bien de la peine à guérir. […] Et quand on nous vient conter que, le jour de la bataille d’Arbelles, on eut peine à éveiller Alexandre, je crois que, si cela fut, il faisait semblant de dormir par vanité, ou qu’il était ivre. […] Bref, pour conclure littérairement sur Bussy, il a sa date dans l’histoire de la langue ; il est grammairien, puriste, cherchant et trouvant la propriété des termes : « Il écrivait avec peine, a dit quelqu’un qui l’a bien connu39, mais les lecteurs n’y perdaient rien ; ce qu’il écrivait ne coûtait qu’à lui. » Il y a du Vaugelas en Bussy ; et de plus, dans le genre épistolaire, il fait le lien de Voiture à Mme de Sévigné.

/ 2391