Aujourd’hui, un avoué se fait peindre en habit de chasse, un notaire en jaquette habillée pour les petits théâtres. […] * * * — J’ai parfois l’idée, si je devenais riche, de me faire peindre, pour l’été, un paysage, un paysage très bien peint — et rafraîchi par un vrai courant d’air. […] La chair est peinte, les têtes sont modelées, dessinées, sorties de la toile avec une sorte de tatouage de couleurs, une mosaïque fondue, un fourmillement de touches qui semblent le grain et comme la palpitation de la peau au soleil : un prodigieux piétinement de coups de pinceau qui fait trembler la lumière sur ce canevas de touches au gros point. […] Tout le temps, il éclate en images inattendues, qui peignent tantôt poétiquement, tantôt brutalement, à votre pensée, les hommes et les choses par l’antithèse ou le rapprochement : des images multiples et variées, jaillissant d’une mémoire nourrie d’une immense lecture, et non enfermée en un temps et une branche de sciences, mais qui a grappillé au fond de tous les livres de moelle, de toutes les curiosités de l’histoire, de tous les traités de théogonie et de psychologie.