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298. (1913) La Fontaine « V. Le conteur — le touriste. »

Voilà ce que j’appelle les vrais contes de La Fontaine, c’est-à-dire les récits où il a peint des hommes et des femmes avec leurs défauts, avec leurs ridicules qu’il a joliment et très spirituellement raillés, et aussi avec des qualités qu’il s’est attaché à peindre avec complaisance et avec un certain attendrissement. […] Pour ce qui est de la fille d’auberge, je crois que c’est plutôt une fille d’aubergiste, il y a une nuance ; mais, enfin pour ce qui est de la jolie Limousine qu’il a remarquée dans une auberge, voici ce qu’il en dit : « Rien ne m’aurait plu [dans cet affreux gîte qu’il vient de peindre], rien ne m’aurait plu sans la fille du logis, jeune personne et assez jolie. […] » Si La Fontaine a peu parlé de lui dans ces lettres familiales et domestiques où il apporte son élégance et certainement même un peu de coquetterie d’auteur, par instant, il y met avant toute la plus parfaite sincérité et la naïveté la plus grande, et ainsi il s’est peint tout entier ou presque ; il s’est peint distrait, curieux, admirateur de la nature, sensible. […] Il se peint presque tout entier dans ce volume, même, comme je vous l’ai dit, même avec ses lacunes.

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