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838. (1896) Les origines du romantisme : étude critique sur la période révolutionnaire pp. 577-607

cet intrus qui nous vient d’Allemagne et d’Écosse, ces pays des nuages métaphysiques et des brouillards perpétuels ! […] « L’esprit qui se fait en France, écrivait un anonyme, ne pouvant suppléer à la consommation du pays, j’ai fondé un assez joli commerce sur l’importation de l’esprit du Nord. […] Des convoitises ardentes, chauffées à blanc par la vue du succès et comprimées par les réalités de leurs positions, torturaient les plus médiocres des fils de la bourgeoisie, subitement émancipée ; pour endormir leurs appétits irrités que rien ne parvenait à rassasier, ils s’enivraient d’idéal, ainsi que d’un opium, ils s’embarquaient pour le pays des chimères, pour le monde du mensonge et de la poésie. […] René, par exemple, parle de la Grèce, de l’Italie, de l’Écosse, comme de pays qu’il a visités, non seulement pour prouver que, bien que pauvre, il avait couru le monde ainsi qu’un lord, mais aussi parce qu’on s’occupait de ces contrées. […] « Derrière les mots mourir pour son pays, écrit Chateaubriand, on ne voit plus que du sang, des crimes et le langage de la Convention17. » Le Mercure du 3 vendémiaire an XI ayant employé le mot patriotisme, expliquait en note qu’il prenait ce mot dans sa « signification primitive » d’avant la révolution ; « car les hommes de 1792 n’avaient pas de patriotisme quoiqu’ils parlassent beaucoup de patrie ».

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