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386. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Jules de Glouvet »

Les cent premières pages du Forestier sont vraiment savoureuses : l’enfance de Jean Renaud, pauvre abandonné qui n’a d’autre mère ni d’autre institutrice que la forêt ; sa communion avec les arbres et les plantes ; la poursuite du sanglier ; le désir qui le secoue, qui l’étrangle, d’avoir un fusil… C’est bien à l’enfance d’un jeune faune que nous assistons, et la pénétration de la petite créature par le milieu où elle se développe est aussi intime et profonde qu’il se peut. […] Marie-Anne, n’étant qu’une pauvre ouvrière, a épousé un riche batelier qui l’aimait, Louis Mabileau. […] On la calomnie, on l’insulte, car les femmes qui vivent sur l’eau sont suspectes dans le pays : elle n’en a point souci… Une fois, dans une inondation de la Loire, elle sauve au péril de sa vie des parents pauvres de son mari, des maraudeurs qui habitent une île du fleuve. […] C’est le fantôme évoqué par Victor Hugo dans ce vague et magnifique poème, Magnitudo parvi : Dieu cache un homme sous les chênes Et le sacre en d’austères lieux Avec le silence des plaines, L’ombre des monts, l’azur des cieux… Le pâtre songe, solitaire, Pauvre et nu, mangeant son pain bis ; Il ne connaît rien de la terre Que ce que broute la brebis.

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