Il manque complétement à ce pauvre écrivain ce sentiment, pour ainsi dire, de communion avec son lecteur, cette certitude de manier un instrument également connu de tous les deux. […] Je me rappelle encore, après treize ans, nos promenades du soir, qui se prolongeaient en été sur une grande partie des boulevards extérieurs, et durant lesquelles je racontais, avec une abondance intarissable, les détails les plus minutieux des chroniques et des légendes, tout ce qui rendait vivants pour moi mes vainqueurs et mes vaincus du xie siècle, toutes les misères nationales, toutes les souffrances individuelles de la population anglo-saxonne, et jusqu’aux simples avanies éprouvées par ces hommes morts depuis sept cents ans et que j’aimais comme si j’eusse été l’un d’entre eux. » A ces récits de l’éloquent et sympathique historien pour les Anglo-Saxons vaincus, Fauriel pouvait répondre par d’autres récits non moins attachants sur ses pauvres vaincus du Midi, sur ces Aquitains toujours écrasés et toujours résistants, toujours empressés de renaître à la civilisation au moindre rayon propice de soleil.