/ 2537
11. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section III. Des ressources qu’on trouve en soi. — Chapitre II. De la philosophie. »

Le philosophe, par un grand acte de courage, ayant délivré ses pensées du joug de la passion, ne les dirige plus toutes vers un objet unique, et jouit des douces impressions que chacune de ses idées peut lui valoir tour à tour et séparément. […] Les passions rehaussent beaucoup plus toutes les valeurs, mais quand ce tarif de modération est fixé, il subsiste pour tous les âges ; chaque moment se suffit à lui-même, une époque n’anticipe point sur l’autre, jamais les orages des passions ne les confondent, ni ne les précipitent. […] La solitude est, pour les âmes agitées par de grandes passions, une situation très dangereuse. […] C’est par de la distraction qu’il faut d’abord essayer d’affaiblir une grande passion ; il ne faut pas commencer la lutte par un combat corps à corps, et avant de se hasarder à vivre seul, il faut avoir déjà agi sur soi-même. Les caractères passionnés, loin de redouter la solitude, la désirent ; mais cela même est une preuve qu’elle nourrit leur passion, loin de la détruire.

/ 2537