Vincent ; mais, de fait, il n’eut d’autre maître que lui-même ; et lorsqu’il fut décidément émancipé, lancé en pleine pratique, il n’alla pas non plus chercher dans le passé aucun grand modèle pour se mettre à genoux devant lui. […] Il était de ceux qui, dans l’art, s’enrôlent simples soldats, sans avoir passé par aucune école militaire : Rose et Fabert ont ainsi commencé. […] Horace Vernet est de force ; au reste, à supporter vos dédains ou vos encouragements protecteurs ; il a eu, en effet, cette vive et brillante saison de jeunesse, cette fleur première trop tôt passée et dont rien ne vaut le charme ; mais il ne s’y est pas tenu : il est allé travaillant, étudiant d’après nature, voyant, regardant sur place, se développant et se fortifiant sans cesse dans sa voie principale jusqu’à ce qu’il soit devenu vers 1840 le plus grand peintre, non plus d’épisodes et d’anecdotes, mais le plus grand peintre d’histoire militaire que nous ayons eu. […] Horace Vernet. » Mais est-il vrai d’ajouter, comme il put s’en vanter peut-être en riant, que c’est ainsi que se passaient dans son atelier « les heures de sa vie les plus laborieuses ? […] Horace Vernet, qui garda plus longtemps qu’aucun le sentiment vif et actif de la jeunesse, put n’avoir pas de ces regrets qui supposent un peu de rêverie ; mais comment, nous qui faisions en 1822 le pèlerinage à son atelier de la rue de la Tour-des-Dames, comment, nous dont la vie, en présence de ces batailles de l’Art, s’est passée à regarder, à espérer, à faire des vœux ou à regretter, comment ne dirions-nous pas pour lui et presque en son nom ce que ce retour sur le passé nous inspire ?