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837. (1880) Une maladie morale : le mal du siècle pp. 7-419

On entend s’élever partout un murmure attristé. […] Michaud, après avoir écrit dans sa préface qu’à Ermenonville « une douce mélancolie, un enthousiasme divin dégagent l’âme des liens qui l’attachent à la terre », célèbre les vertus de Jean-Jacques et termine ainsi : Partout sur son trépas on versera des larmes, Partout de ses écrits on sentira les charmes, Partout on bénira les vertus de Rousseau, Et l’univers sera son temple et son tombeau. […] « Indicible sensibilité, s’écrie-t-il, charme et tourment de nos vaines années, vaste conscience d’une nature partout accablante et partout inspirée, trouble, passion universelle, sagesse avancée, voluptueux abandon, tout ce qu’un cœur mortel peut contenir de besoins et d’ennuis profonds, j’ai tout senti, tout éprouvé dans cette nuit mémorable, j’ai fait un pas sinistre vers l’âge d’affaiblissement, j’ai dévoré dix années de ma vie. […] Est-ce ma faute si je trouve partout des bornes, si ce qui est fini n’a pour moi aucune valeur ? […] Le paganisme n’était-il pas heureux, lui qui avait des Dieux partout ?

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