Riez, chantez à souhait, portez avec vous la joie, et soyez partout où vous entrez l’âme de la fête ! […] A dater de ce moment et sous la Restauration, cette veine purement épicurienne et rieuse ne suffit plus à la France ; on a vu de près d’affreux désastres, on a subi des affronts ; l’inquiétude est partout qui gagne à l’intérieur et se prolonge dans l’avenir. […] Béranger à ses débuts, et dans sa période du Roi d’Yvetot, avait été fort lié avec Désaugiers ; l’aimable président du Caveau avait accueilli à bras ouverts le nouveau venu qui s’annonçait si bien ; il fut le premier à lui donner l’accolade, il chantait partout ses louanges, et, qui mieux est, ses chansons pour les faire valoir. […] Si la cause de la gaieté se perdait de plus en plus dans l’ensemble, il lui rendait l’avantage dès qu’il paraissait sur un point, et, comme ces foudres de guerre qui ne meurent qu’en triomphant, il ramenait la victoire partout où il était de sa personne. — Dans les repas de corps de la garde royale, il avait nom l’aumônier du régiment. — Sa maladie, une maladie bien cruelle, la pierre, interrompit à peine les saillies de sa vive et indulgente humeur ; il chansonna son mal comme toute chose, sans amertume et en lui pardonnant ; il fit en riant son épitaphe, sans y croire encore.